par Gentside DécouverteQuatre cas d’abus sexuels d'otaries à l’encontre de manchots royaux ont été répertoriés par les spécialistes ces dernières années sur l’ile sud-africaine Marion, située dans l'océan Indien.Figurant parmi les oiseaux les plus sociaux au monde, les manchots ne cessent de fasciner les chercheurs. Leur cycle de vie et leur vie en groupe ont ainsi fait l'objet de nombreuses études qui ont aussi permis d'identifier des comportements plus inattendus... Voire des mœurs sexuelles assez incroyables.
Le premier à les avoir documentées est l'explorateur britannique George Murray Levick. Ses écrits, datés d’il y a un siècle, relatent avec effroi les
pratiques sexuelles des manchots Adélie mâles visiblement portés à la nécrophilie, ou autres abus en tout genre. Mais une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université de Pretoria en Afrique du Sud révèle quelque chose d'encore plus étonnant.
Elle suggère que certains manchots peuvent parfois être la victime d'autres animaux bien plus imposants qu'eux. Il arriverait en effet que certains soient agressés sexuellement par des otaries à fourrure. Ces cas sont très inhabituels mais leur récurrence a amené les chercheurs à s’y intéresser.
Quatre cas d’agressionsCet étrange comportement sexuel a été observé pour la toute première fois en 2006, au sein de l'île sud-africaine Marion, située dans l'océan Indien. Lors d’une expédition, les scientifiques avaient en effet repéré une
otarie à fourrure (
Arctocephalus gazella) tentant de copuler avec un
manchot royal (
Aptenodytes patagonicus). A l’époque, différentes hypothèses avaient été évoquées pour expliquer un tel comportement : frustration, manque d’expérience, stratégie de protection du territoire…
En revenant quelques années plus tard, les chercheurs ne s’attendaient pas du tout à revoir ce genre d’incident. Pourtant, trois autre cas d’agressions ont été recensés. Les observations des chercheurs ont fait l’objet d’une publication parue dans la revue
Polar Biology. L’étude relate comment de jeunes otaries mâles dont le poids peut dépasser les 100 kg contraignent des manchots à copuler en utilisant la force.
Les quatre agressions semblent suivre un procédé similaire. L'otarie repère dans un premier temps sa proie, elle capture ensuite le manchot et lui monte dessus. "
L'otarie tente à plusieurs reprises d'avoir une relation sexuelle avec le manchot. A chaque fois pendant une durée de 5 minutes environ, avec des périodes de repos", explique l’étude.
Un comportement influençableLes chercheurs n’ont pas pu identifier le sexe des manchots victimes. La seule certitude est que tous semblaient initialement en bonne santé. L’étude poursuit : "
Dans trois des quatre cas recensés, l'otarie laisse sa proie repartir. Seul une des otaries est allée jusqu'à tuer et manger le manchot après l'avoir violé". De quoi poser sérieusement question…
Ces comportement extrêmement déroutants interrogent les scientifiques qui ne peuvent émettre que des suppositions pour tenter de les éclairer. Selon eux, il pourrait s’agir d’une surcharge hormonale liée à la saison de reproduction qui les pousserait à s'accoupler avec d'autres spécimens.
Quoi qu’il en soit, l’augmentation de la fréquence de ces agressions semble suggérer que les otaries s’influencent entre elles. Ces mammifères sont en effet connus pour apprendre les uns des autres. Il est donc possible que ce comportement se répande à travers l'observation.