Une étrange histoire passionne l'Allemagne depuis quelques jours: une femme âgée de 55 ans a refait surface alors qu'elle avait été déclarée victime d'un meurtre en 1984. Elle aurait vécu jusqu'à présent sans papiers d'identité.
Qu'un meurtrier soit identifié et interpellé bien des années après son crime n'est pas rare. Qu'une victime refasse surface alors qu'elle avait été déclarée morte semble, en revanche, beaucoup moins courant. C'est pourtant le fait-divers qui est relaté depuis vendredi dans la presse allemande, notamment par
Bild et le
Süddeutsche Zeitung.
L'histoire se déroule à Düsseldorf et débute par un banal dépôt de plainte le 11 septembre dernier au commissariat local. Une femme de 55 ans se présente devant les policiers et affirme avoir été cambriolée. Elle dit s'appeler "madame Schneider" mais lorsque les fonctionnaires lui demandent de fournir une pièce d'identité, elle se montre réticente. Avant finalement de faire la révélation suivante: son vrai nom est en réalité Petra P., le même que l'étudiante disparue en 1984 à plus de 300 kilomètres de là, à Brunswick. Pour preuve, elle montre un vieux papier d'identité jauni et périmé.
Les enquêteurs découvrent alors avec stupeur que la quinquagénaire a vécu 31 ans en tout anonymat. "Elle a eu plusieurs emplois pour lesquels elle était payée en espèces", a expliqué le porte-parole de la police de Brunswich au journal
Die Welt, précisant qu'elle a utilisé différents noms d'emprunt et ne possédait ni compte bancaire ni assurance.
Un homme avait avoué son meurtre
Les enquêteurs ont toujours cru à sa mort car Petra P, âgée de 24 ans à l'époque, n'était pas rentrée chez elle après un rendez-vous chez le dentiste. La piste de la récidive d'un tueur sévissant dans le secteur avait été retenue malgré l'absence de corps. Dans le même quartier et quelques temps auparavant en effet, une adolescente avait été tuée et violée. Le suspect avait avoué ce meurtre mais, étrangement, celui de Petra P. également, provoquant la clôture de l'enquête.
Reste à savoir pourquoi la quinquagénaire a volontairement disparu: cette dernière n'a fourni aucune explication. Si sa mère et son frère ont émis le souhait de reprendre contact avec elle, Petra balaye pour l'instant cette possibilité. "Les deux ont écrit une lettre que nous ferons parvenir à Petra P. C'est tout ce que nous pouvons faire", souligne le porte-parole de la police locale.
Une fugue "dissociative"?
A
Bild, un psychologue émet la théorie selon laquelle la quinquagénaire a été victime d'une
fugue "dissociative", une pathologie rare qui se traduit par une perte d'identité et une amnésie prolongée.
Dans une interview au journal
Die Welt, un profileur assure que ce cas inédit aurait beaucoup moins de chances de se produire aujourd'hui. "En 1984, il n'y avait pas de téléphones portables [...] Aujourd'hui, les chasses à l'homme sur les réseaux sociaux compliqueraient une disparition" prolongée.