Dans une interview au Parisien publiée ce mardi, l'ancien président s'indigne de voir son nom cité dans l'affaire Air Cocaïne et demande des comptes à la justice. Il détaille également ses propositions musclées sur la sécurité.
Nicolas Sarkozy ressort son costume d'ancien ministre de l'Intérieur. Dans un long entretien publié dans
Le Parisien ce lundi, le président du parti Les Républicains dévoile ses propositions musclées sur la sécurité et l'autorité de l'Etat. Il réagit également aux révélations selon lesquelles la juge d'instruction en charge
du dossier Air Cocaïne a enquêté sur lui.
Air Cocaïne: "On a géolocalisé le chef de l'opposition"
Le nom de l'ancien chef de l'Etat
apparaît dans l'instruction sur un présumé trafic de drogue entre la République dominicaine et la France. Car il a emprunté le fameux Falcon 50 qui a été arrêté avec des kilos de cocaïne à bord pour des voyages d'affaires.
Son téléphone a été géolocalisé et ses factures épluchées, à la demande de la juge en charge de l'affaire. "Qu'imagine-t-on? Que j'étais à Punta Cana sur 700 kg cocaïne?", s'énerve Nicolas Sarkozy dans son interview.
L'ancien chef de l'Etat demande des comptes à la justice et a chargé son avocat, maître Thierry Herzog, d'adresser une lettre au procureur de la République de Marseille. "Je veux savoir au nom de quoi un magistrat a pu prendre de telles mesures, pour la seule raison que j'ai voyagé avec la même compagnie d'avions", poursuit Nicolas Sarkozy. "Je veux savoir si un autre client de la compagnie aérienne a été géolocalisé et écouté: y en a-t-il d'autres ou est-ce un traitement qui m'a été réservé?" "On a géolocalisé le chef de l'opposition", s'indigne-t-il encore.
Pour l'heure, Nicolas Sarkozy n'envisage pas de riposte judiciaire. Il dispose de toutes façons de peu de marge de manoeuvre étant donné qu'il n'est pas mis en examen dans l'affaire. Si la juge a enquêté sur lui, c'est moins pour des soupçons de trafic de drogue que pour d'abus de bien social -il aurait fait payé ses voyages par une compagnie de l'un de ses amis. Reste à savoir si les moyens employés étaient légitimes.
Sécurité: "Libérer" les forces de l'ordre et "restaurer" l'autorité de l'Etat
Alors que son parti organise ce mardi une convention sur la sécurité, Nicolas Sarkozy égrène quelques propositions.
- Externaliser certaines missions des policiers et gendarmes
Pour Nicolas Sarkozy, il faut alléger les tâches de la police et de la gendarmerie pour qu'elles se recentrent sur ses missions de maintien de l'ordre et d'enquête. Il propose pour cela que tout ce qui est "périphérique et secondaire" soit transféré au privé. "Les procurations pour voter ou la surveillance d'un certain nombre bâtiments publics" seraient ainsi gérées par des entreprises.
L'ancien chef de l'Etat se dit également favorable à ce que les sociétés d'autoroute gèrent elles-même la sécurité sur les routes. "Je ne vois pas pourquoi cela doit être exclusivement un motard de la gendarmerie ou de la police qui doit faire les contrôles de vitesse, sur un axe d'autoroute concédé par l'Etat", note Nicolas Sarkozy.
- Créer "un grand ministère de la Sécurité publique"
L'ancien chef de l'Etat propose également de renforcer les compétences du ministère de l'Intérieur, lequel deviendrait "un grand ministère de la Sécurité publique qui assurerait la coordination de toutes les forces de sécurité en France". Il souhaite pour cela que les fonctionnaires des douanes et les gardiens de prison, jusqu'ici rattachés au ministère de la Justice, rejoignent ce corps. "La République doit cesser de reculer partout.[...] La refondation de l'autorité de l'Etat passe avant tout par l'autorité de la loi et de sa sanction", veut croire Nicolas Sarkozy.