ÉCLAIRAGE - Le candidat à la primaire de la gauche est arrivé en tête des votes ce dimanche 22 janvier et affrontera Manuel Valls, le 29 janvier prochain.
Benoît Hamon a devancé ses six concurrents. L'ancien ministre de l'Éducation nationale arrive en tête du premier tour de la primaire de la gauche avec 36,02%, contre 31,31% pour Manuel Valls, 17,19% pour Arnaud Montebourg. Vincent Peillon obtient 6,77%, François de Rugy, 3,77%, Sylvia Pinel 2% et Jean-Luc Bennahmias 1,02%, selon les résultats publiés par le site officiel de la primaire.
L'ancien ministre du Redressement productif a annoncé qu'il voterait pour
Benoît Hamon dimanche 29 janvier. Le leader de ce premier tour s'est exprimé peu après l'officialisation des résultats : "En me plaçant en tête, vous avez adressé un message clair de renouveau. Je souhaite adresser un message d'amitié à Arnaud, je partage beaucoup de combats et de valeurs avec lui. Je veux lui dire que pour moi, cette confrontation n'a jamais été une opposition entre l'un et l'autre (...)
Il faut en finir avec les vielles recettes, ces vielles solutions qui ne marchent plus".
1. Le "49.3 citoyen" et des réformes institutionnelles
L'ancien ministre souhaite "réoxygéner la démocratie". Le candidat à l'élection présidentielle insiste sur le "droit d'initiative citoyenne". Il permettrait, à partir du seuil d'environ 400.000 signataires de la pétition ("1% des inscrits sur les listes électorales"), de "soumettre un texte à l'examen des deux chambres du Parlement, après avis du Conseil d'État", de "soumettre à référendum un projet de loi" ou de "suspendre la promulgation d'une loi".
L'introduction de ce
"49.3 citoyen", dixit Benoît Hamon, ferait au préalable l'objet d'un référendum que le candidat souhaite organiser en même temps que le deuxième tour des élections législatives, le 18 juin. À ce même scrutin, les votants s'exprimeront aussi sur "le droit de vote des étrangers aux élections locales" et sur "la reconnaissance du vote blanc". L'ancien ministre de l'Éducation a également appelé à "une grande conférence citoyenne", qui associerait durant un an "les élus du nouveau Parlement et des citoyens tirés au sort", afin de "bâtir la Constitution de la VIe République".
2. Revenu universel
C'est l'une des mesures phares de son programme : le revenu universel. Attaqué à de nombreuses reprises sur ce sujet lors des débats, Benoît Hamon explique qu'il souhaite mettre en place ce revenu universel d’existence afin d'"éradiquer la grande précarité et contribuer à définir un nouveau rapport au travail". Sur son site, il précise que "pour la première étape, dès 2018,
le RSA sera augmenté de 10% à hauteur de 600 euros et versé automatiquement à tous les ayant-droits. La même année, un revenu d’existence sera versé à tous les jeunes de 18 à 25 ans quel que soit leur niveau de ressources".
Il annonce qu'une "grande conférence citoyenne sera ensuite lancée. Elle permettra de fixer le périmètre du revenu universel (montant, financement, articulation avec les autres allocations sociales, calendrier de mise en oeuvre). Ce revenu sera ensuite étendu à l’ensemble de la population. A terme, il atteindra la somme de 750 euros".
3. Légalisation du cannabis
"Je légaliserai le cannabis et j’encadrerai sa distribution". Benoît Hamon souhaite
"tuer les trafics à la source et protéger nos citoyens des pratiques des dealers". "J’utiliserai les 568 millions d’euros annuels utilisés pour la répression à des fins de prévention et d’information sur les risques associés à cette consommation. Plus que jamais, la prévention doit être au coeur de notre politique de santé publique. Nous devons investir tous les relais possibles pour faire connaître à la population les risques associés à la consommation de drogues", annonce-t-il.
4. Un "septennat unique"
Dans cette perspective, Benoît Hamon plaide pour renforcer le rôle du Parlement, pour "en cesser avec un Parlement godillot" face à "la logique absurde, presque puérile, de l'homme providentiel". Le président de la République ne serait élu que pour un "septennat unique". Il pourrait être tenu "responsable devant le Parlement via une véritable procédure d''
impeachment'" et son droit de nomination en Conseil des ministres serait limité. D'un autre côté, le
Sénat serait refondu en une "chambre citoyenne, composée de trois collèges" : le "collège des territoires", comprenant des élus sur le modèle du Sénat actuel, le "collège des forces vives, qui agrégerait des représentants du mouvement social" comme au Conseil économique et social (CESE) et un "collège de citoyens tirés au sort".
5. Réformer le Conseil constitutionnel
Dans un même objectif de "transparence", le député des Yvelines souhaite réformer le Conseil constitutionnel où il n'y aurait
"plus de membres de droit". "Il faut que l'on valide avant l'expertise des membres, qu'ils soient élus à la majorité des 2/3 des assemblées et que les débats soient publicisés", a encore égrené Benoît Hamon. Enfin, l'ancien ministre voudrait que soient rendus publics "tous les dons" aux partis politiques "à partir d'un seuil de 2.500 euros". Et il appelle à "une loi antitrust dans les médias" afin d'"éviter que ne se constituent des empires". Ces deux mesures visent à ce "qu'on sache qui est ligoté ou ne l'est pas", afin de détecter d'éventuels "conflits d'intérêt".
6. Légaliser l'euthanasie
Lors du dernier débat avant le premier tour,
Benoît Hamon a consacré "sa carte blanche" à la légalisation de l'euthanasie. "Je créerai le droit à une aide médicale pour mourir dans la dignité pour toutes les personnes atteintes d’une maladie incurable qui le demandent, au moment où elles le demandent. La dignité est un droit primordial qui doit être garanti tout au long de la vie, y compris dans les moments les plus difficiles", a-t-il déclaré.
7. L'écologie au cœur du programme
Sortir la France du diesel à l’horizon 2025 pour lutter contre la pollution de l’air. Voici l'une des propositions de Benoît Hamon sur le thème de l'écologie. Sur son site, il rappelle que le diesel est "responsable de la mort de 49.000 Français chaque année. Je mettrai fin à l’avantage fiscal accordé au diesel, je ferai installer des bornes de recharge électrique sur tout le territoire et je financerai la recherche pour l’autonomie des batteries pour voiture électrique".
Il souhaite également
interdire les pesticides dangereux et les perturbateurs endocriniens. Cela a pour objectif de "prévenir les effets nocifs de ces substances sur la santé de nos enfants et de nos concitoyens". "J’appliquerai le principe de précaution : je retirerai les autorisations de tous les pesticides dangereux et j’interdirai l’importation des denrées alimentaires utilisant une substance interdite en France. Au niveau européen, nous labelliserons les pesticides pour conditionner les subventions de la PAC au respect de hautes exigences en la matière", explique-t-il.